Lucile Roy Chloe Bruhat

Lucile Roy – Bordeaux

Lucile a un parcours à la fois atypique et totalement symbolique de notre époque. Après sept ans passés au coeur de l’industrie pharmaceutique, cette passionnée de belles matières renoue avec son histoire familiale et arrête tout pour se lancer dans la création d’une marque de chemises confectionnées sur commande. 

Résultat ? Ses chemises blanches se retrouvent en moins de deux ans au sein du célèbre concept store  Montaigne Market et parmi la sélection ultra sensible de French Cliché , une maison d’édition et galerie nomade conçues par Emily Marant – fondatrice par ailleurs de l’agence créative Studio Marant – et du designer Hugo Matha.

Une très jolie rencontre, parfaitement illustrée par la photographe Chloé Bruhat et l’artiste Masha Silchenko.

 

Peux-tu te présenter stp ?

Je m’appelle Lucile, j’ai 35 ans, je vis sur Bordeaux depuis 3 ans. J’ai suivi des études de pharmacie doublées d’un cursus à l’ESSEC, j’ai travaillé 7 ans dans l’industrie pharmaceutique puis j’ai tout arrêté en 2018 pour lancer ma marque de chemises blanches, confectionnées sur commande, en coton d’Egypte.

J’ai grandi dans l’univers de la confection et des tissus car mon arrière-grand-père a créé un atelier dans les années 30, qui s’est transmis au fil des générations.

Malgré des études aux antipodes, j’ai eu envie de renouer avec cet atelier familial qui j’imagine m’a inconsciemment structurée.

 

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Quel était ton rêve de petite fille ? Et as-tu l’impression qu’il te nourrit encore aujourd’hui ?

Enfant j’aimais dessiner et jouer à la sorcière !  Je faisais des potions magiques avec des petites choses trouvées dans la nature, j’ai toujours aimé les matières organiques, les coquillages, les insectes, les fleurs, mais aussi les pierres. Des années plus tard je suis docteur en pharmacie, mais entre le fantasme et la réalité le fossé est énorme. Je ne regrette pas mes études mais suis heureuse d’avoir eu le courage de renouer avec mon histoire familiale et l’atelier de confection de chemises créé par mon arrière-grand-père. Dans ma famille s’habiller est une culture, ma grand-mère confectionne elle-même ses habits, elle a un style incroyable et est toujours hyper chic. Et du coté des hommes, tout le monde porte des chemises sur-mesure of course.

 

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Ton style vestimentaire en trois mots ?

Minimal, des basiques dans de belles matières twistés avec une pièce forte.

 

Quels sont tes incontournables du moment ?

Un Jean Levis noir associé à de grosses boots, une chemise blanche oversize et un pull col roulé sombre. Pour sortir j’enfile un manteau assez fort pour booster l’ensemble : en ce moment ma doudoune Nanushka en cuir vegan hyper cocoon, ou un manteau en mouton déniché dans une friperie.

 

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Quelle approche as-tu de la Slow Fashion ? 

Je n’ai jamais eu l’impression d’acheter mes habits de façon compulsive, mes parents m’ont sensibilisée à la qualité des vêtements et leur finitions (l’inverse quand on dirige un atelier de confection aurait été improbable). J’ai l’impression d’être souvent habillée de la même façon, je porte des basiques que j’use jusqu’à la corde. En parallèle J’adore la mode et traque sans cesse les nouveautés, je me retrouve avec des whishlist infinies mais au final je craque rarement, et seulement pour des coups de cœur.

 

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As-tu hérité d’une pièce dont tu ne sépareras sans doute jamais ? Raconte-nous son histoire. 

Un kimono en soie bordeaux, offert par une amie de ma famille que j’adore et que je considère comme ma grand-mère. Son mari, pilote d’avion et passionné d’arts martiaux lui avait ramené d’un voyage au Japon.

 

Ton  dernier achat coup de coeur ? Ton prochain ? 

Le petit sac à dos Musubi Acne Studio à une seule anse, le prochain : un blazer en daim Totême, et un sac Paco Rabanne.

 

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Une pièce dont tu rêves ? 

Pour me faire rêver la pièce doit s’inscrire dans une intemporalité, donc je dirais plus un bijou qu’un vêtement, et en ce moment ça serait le bijou de main de Charlotte Chesnais.

 

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Bracelet Bond Charlotte Chesnais Jewelry Photo Matière 79

 

Parlons un peu de ta marque, quand as-tu commencer à créer ? 

J’aime créer depuis toujours, j’aime le rapport à la matière, aux couleurs, être dans ma bulle et me raconter des histoires, je peins et dessine depuis que je suis enfant, au collège je réalisais des bracelets tressés avec les chutes de tissus de l’atelier familial. Ma marque a été un challenge car je n’ai jamais vraiment appris à structurer et à aller aussi loin dans un projet créatif. Mais j’ai eu la chance d’être entourée de gens talentueux et inspirants. 

La genèse part de la matière, l’envie d’appréhender un médium dans sa dimension sensorielle est la première étape avant de savoir précisément ce que je vais en faire.

J’ai été sensibilisée très tôt aux qualités des tissus et des matières, mon père m’a appris à ressentir les fibres et les tissages, leur finesse, les popelines craquantes et sèches, souples et fluides…

 

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Quand et où te sens-tu la plus créative ? 

Je suis très sensible à mon entourage et notamment aux personnalités qui diffusent une certaine magie et beauté au quotidien… j’ai l’impression de capter ces émotions, douces ou euphorisantes. Les gens me stimulent et m’inspirent mais également des situations ou des ambiances. J’emmagasine tout ça, et me mets à produire quand je suis seule, au calme, souvent le matin.

 

Qu’est-ce-qui t’inspires ? Quelles sont tes plus grandes influences artistiques ? 

Le surréalisme et sa dimension psychanalytique : Dali, Chirico, André Breton, MiroMagritte et son « Empire des Lumières ».

Le modernisme et ses formes simples : Marcel Breuer, Le Corbusier pour le design… et le courant postmoderne : je suis une immense fan des architectures de  Ricardo Bofill.

 

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Ricardo Bofill Levi

 

Comment travailles-tu ? 

Je travaille depuis mon canapé, voir carrément couchée quand il s’agit d’une tâche créative, généralement avec de la musique. Je suis plus productive en fin de matinée ou tard le soir, mais je travaille par phases, lorsque je suis sur un projet je ne décroche plus, je passe des heures sans sortir de chez moi.

 

Quelle est la partie la plus difficile de ton travail ? 

Canaliser mes émotions, gérer le stress de la production.

 

Celle qui te passionne ? 

Imaginer de nouveaux modèles, choisir mes tissus, puis le shooting qui en découle, les gens qui créent des images me fascinent.

 

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Ta marque en trois mots ? 

Minimale, Sensorielle, Puriste.

 

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Que signifie ‘être femme’ pour toi ? 

C’est une question difficile car je n’ai pas l’impression de me sentir différente d’un homme, j’ai des frères, j’ai été éduquée sans distinction. En revanche, il m’arrive d’être confrontée à des situations qui me font prendre conscience que j’en suis une, face à des gens construits sur un modèle clivant de genre, ce qui me met généralement très mal à l’aise… Les femmes qui m’inspirent sont fortes, libres, ont un certain recul, beaucoup d’humour et diffusent une certaine esthétique et un art de vivre.  Je pense à trois  femmes : Valérie Lebérichel (la directrice de la communication de Miu Miu), ma grand-mère, et une amie, une femme passionnée d’art avec une énergie folle, qui a toujours fait ce qu’elle voulait dans la vie.

 

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Tes projets à venir ? 

En ce moment je suis en train de préparer une collection capsule pour cet été, en parallèle je prends des cours de peinture et de nu aux beaux-arts de bordeaux, et j’ai débuté la céramique avec un ami plasticien incroyable en résidence à la Fabrique Pola sur Bordeaux : Segondurante.

 

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Shiny Knuckleheads Segondurante

 

 

Mille mercis Lucile pour ce beau moment

With love from Lou Lou, 

Alexis

xxx

 

 

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